Rugby, le beau geste
À Bram, dans l’Aude, à l’Espace Art et Culture
du 6 juin au 6 septembre 2015
« Cette exposition n’a pas vocation à relater une sorte d’histoire du Rugby, mais a l’ambition de montrer comment des auteurs photographes s’emparent de ce sport pour faire œuvre.
Elle rassemble des images du xxe siècle, issues de la collection du Château d’Eau, auxquelles répondent des travaux de photographes contemporains.
Le Sud-Ouest est terre de rugby, il a naturellement vu naître bon nombre de photographes qui ont suivis régulièrement les compétitions qui se jouaient entre clochers. Certains se sont faits un nom par leur « vista » et la qualité de leurs clichés. Les Jean Dieuzaide, Georges Raillard, André Cros, Alain Lafay ou Éric Cabanis ici convoqués, avaient cette capacité à marier leur connaissance du jeu à la maîtrise de leur art pour aller au delà du document sportif et capter la beauté des gestes. Leurs images associées à quelques autres anonymes dans la première partie de l’exposition en tracent cette chorégraphie.
Cinq œuvres en couleur de la série « Reconstitution- Rugby » d’Édouard Levé, leur font écho. Cet artiste conceptuel s’est en effet approprié la gestuelle rugbystique. Il a recomposé, en studio, avec des modèles en tenue de ville et sur fond neutre, les postures les plus emblématiques d’une partie de rugby, comme pour en suggérer la dimension rituélique. Á cela répond Line Rossignol qui, elle, s’est attardé à un autre rituel, celui de l’avant match. Son œil discret a su voir toute la sensualité des postures et gestes des joueurs se préparant au combat et qu’elle a soulignée dans des images aux sobres compositions.
Quant aux diptyques de Dominique Delpoux, ils introduisent dans cette exposition une autre notion du temps. Le temps de l’histoire. En effet, si eux ne révèlent pas un instant, ils n’en donnent pas moins la sensation de durée. Il a travaillé avec les joueurs du Stade Toulousain et les joueuses de Saint-Orens-de-Gameville, photographiant chacun avant et après le match. On ne voit aucune phase de jeu, mais la différence entre les deux images introduit une narration trahissant l’âpreté de la joute.
Les portraits d’anciens joueurs internationaux, réalisés par le jeune photographe Pierre Carton, gardent également la trace d’une histoire. Celle rappelée aux amateurs de ce sport par les traits du joueur, celle-là même qui a plus ou moins cabossé ces mêmes traits.
Enfin le rugby, ce sont aussi les clubs qui le font. C’est de cette histoire qu’il s’agit dans le travail de Max Armengaud. Il a réalisé un corpus au Rugby Club Toulonnais en photographiant toutes les personnes travaillant d’une manière ou d’une autre pour le club. Les portraits de chacun sont présentés côte à côte, sans hiérarchie entre célébrités et anonymes. L’auteur symbolise ainsi par son dispositif la vie de tous les clubs. »
Jean-Marc Lacabe